Le Bloc Note

Un clavier multiforme

18Juin

Certains musiciens sont sous les feux de la rampe tandis que d’autres restent toute leur vie dans une relative pénombre. Le jazzman, dont je vous parle aujourd’hui à travers l’un de ses albums, fait partie de la seconde catégorie. Michel Graillier, pianiste français, ne brille ni par sa popularité ni par une discographie abondante puisqu’il n’a enregistré que treize disques en un peu plus de trente ans de carrière. Cependant sa musique est riche par la beauté de ses mélodies ; par son interprétation tantôt délicate et feutrée, tantôt enlevée et brillante.
Le premier disque de Michel Graillier date de 1970 et le dernier de l’an 2000. Dream Drops, dont je vous parle ici, a été enregistré en 1981. Les quatre premiers titres font entendre l’artiste en solitaire qui joue, tout à la fois, du piano, du piano électrique et du synthétiseur (Oberheim Ob1). Les quatre titres suivants donnent l’occasion à Michel Graillier d’échanger avec Chet Baker, Michel Petrucciani, Aldo Romano et Jean-François Jenny-Clark. Si les noms de ces deux derniers musiciens ne parlent pas à tous, les deux premiers sont connus de tous les amateurs de jazz. Owl Blues, titre qui clôt l’album, fait entendre Michel Graillier seul au piano acoustique.

Pochette de l'album
De la même manière que des morceaux en solitaire coexistent avec d’autres en petit ensemble, les mélodies douces et presque recueillies cohabitent avec d’autres, emplies de swing. Il y a en quelque sorte une facette de l’artiste qui manifeste une grande délicatesse quand l’autre est bouillonnante de vie. Ces deux dimensions ont pour point commun la sensibilité qui se dégage de ce beau disque qui n’a pour seul défaut que sa durée trop courte à nos oreilles du XXIe siècle : à peine 39 minutes (ce qui est commun à l’époque du 33 tours).
L’album peut être écouté cet album en ligne sur Deezer ou Spotify. Pour une première approche, écouter Bill’s Heart où la sensibilité de Michel Graillier transparait à chaque note puis Little Song ou Nem Um Talves pour découvrir le pianiste, entouré de très bons musiciens, dans un registre très enlevé.
En définitive, c’est tout l’album qui peut s’écouter d’un trait. Dans Owl Blues, Michel Graillier reprend fugitivement le thème d’Auroville qui débutait l’album : une façon discrète de montrer que cet album, malgré ses différentes facettes, forme un tout qui charme toujours l’oreille plus de trente ans après son enregistrement.

Mots-clefs : , , , , , ,

Les commentaires sont fermés.