Le Bloc Note

Un piano entrainant

10Sep

Parmi les instruments associés naturellement au Rock, on compte la guitare, la basse électrique ou la batterie; sans doute moins, à tort, le piano. Celui-ci compte pourtant de nombreux et dignes représentants tels Fats Domino, Jerry Lee Lewis, Elton John ou Rick Davies. De nombreux autres noms pourraient être ajoutés.
Dans ces quelques lignes, je souhaite mettre en avant un grand nom du clavier, Billy Joel, à travers son cinquième album, The Strangers. Cette œuvre, enregistrée en 1977, dépasse les limites du Rock pour toucher tout à la fois au Pop-song et à un Blues teinté de Jazz. Billy Joel est un instrumentiste doté d’une belle voix chaude et d’un grand talent de pianiste, mais aussi d’une vaste culture musicale.
La façon dont les instruments l’accompagnent, la richesse des mélodies et les ruptures de rythme rendent l’écoute de cet album passionnante. Tout le monde connaît au moins un morceau de cet album, Just the Way You Are, mais c’est l’arbre qui cache la forêt.
Je conseille à toute personne blasée ou ayant un apriori de porter une oreille bienveillante à cet album. Je commente ici l’album dans sa version originelle. Vous trouverez sur Deezer une version plus récente qui a chamboulé l’ordre des morceaux, en supprimant certains au passage et en ajoutant d’autres saisis au cours de concerts, fort intéressants d’ailleurs, datant de l’époque de la sortie du disque.

Pochette de l'album
Dès la première plage, Movin’ Out (Anthony’s Song), le ton est donné. Le piano impulse un véritable rythme qui connaît plusieurs ruptures au cours de l’interprétation d’un morceau qui ne dure pourtant que 3 minutes 30. Billy Joel utilise à certains moments sa voix comme un instrument ainsi que le font, d’une manière plus marquée et plus systématiques, les chanteurs de Jazz avec le scat. Le saxophone et la batterie répondent au piano. Vous pouvez aussi écouter uniquement les lignes de basse : elles sont essentielles à l’assise du morceau sans pourtant être en avant.
Le second morceau, The Stranger, donne l’occasion à Billy Joel d’introduire paisiblement un morceau où il laisse la première place ensuite à la guitare. Celle-ci donne une tournure plus enlevée à la suite. The Stranger se termine comme il a commencé, dans le calme.
La troisième plage est le (trop) fameux Just the Way You Are. Les arrangements sembleront désuets aux oreilles de beaucoup. Il reste cependant un très beau thème qui sera repris à de multiples occasions y compris en Jazz. Ce sera le cas de Biréli Lagrène.
Le quatrième morceau est un parfait résumé du talent de Billy Joel. Il utilise la musique pour narrer une histoire. Le titre de cette pièce, Scenes from an Italian Restaurant, résume à merveille cette saynète musicale. Plusieurs tableaux se succèdent. L’un est tendre et presque mélancolique quand celui qui lui succède est vif et enlevé. L’histoire de Billy est parsemée de break instrumentaux : saxophone, trompette et piano se succèdent pour charmer nos oreilles. Ces break introduisent de nombreuses ruptures qui donnent un effet de surprise constant à l’auditeur. Celui-ci trouvera dans tel ou tel passage une référence aux Beatles ou au Jazz en passant par Jerry Lee Lewis. Billy Joel est éclectique dans ses goûts et cela s’entend.
Vienna, qui succède à ce tableau musical, est de facture plus classique. La basse ronde à souhait et la voix de Billy Joel particulièrement chaude se mettent au service d’une mélodie toute simple.
La plage suivante, Only the Good Die Young, est d’un niveau moindre sans pour autant démériter.
Vient ensuite She’s Always a Woman qui permet à Billy Joel de montrer ses grands talents de mélodiste et chanteur. Il n’y aucune virtuosité ou élément marquant ici, pourtant cette musique a une véritable beauté formelle.
Ce qui rend séduisant immédiatement la plage suivante, Get It Right the First Time, c’est son rythme entrainant. Le batteur est mis en avant avec une introduction particulièrement démonstrative
Everybody Has a Dream vient conclure, dans une ambiance plus recueillie, le disque. La voix de Billy Joel est à nouveau très chaude. Elle a des accents de Soul. La dernière minute de cette plage donne l’occasion d’entendre quelques notes du thème introductif du second morceau, The Stranger.
Ce disque est bien sûr le témoin d’une époque musicale. Il semblera daté pour certains, mais il a aussi marqué une époque et il me semble qu’il a encore beaucoup à dire à la nôtre.

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