Le Bloc Note

XXI – numéro 28

30Oct

« L’impératif est de raconter le monde tel qu’il est. C’est la vocation de XXI. » Par ces mots se conclue l’éditorial de ce numéro d’automne signé par Patrick de Saint-Exupéry et Laurent Beccaria. Ce choix voulu par les créateurs de cette revue prend une forme particulière incarnée par les trois récits rassemblés dans le dossier de ce numéro : Les nouveaux mondes. Loin de l’actualité brûlante et passagère, ces trois articles présentent différentes facettes de ce monde en nous rapportant le quotidien des habitants de la ville de Lagos confrontés à la réalisation d’un tout nouveau quartier édifié sur des terrains conquis sur la mer, la vie particulière d’un peuple non contacté qui se trouve, d’un coup, en contact avec notre monde et tous les pièges qu’il recèle et le parcours de Doan Bui, française d’origine vietnamienne, qui revient sur la terre de ses ancêtres et découvre une société marquée par les séparations visibles et invisibles entre le nord et le sud. Ce parcours à travers notre planète se poursuit avec le récit photo nous présentant la vie d’un village arménien, Lichk, où les hommes, partis en Russie pour trouver du travail, sont absents huit mois par ans.

  • Couverture du numéro 28 de XXI
    Le récit suivant, d’Emmanuel Carrère, est particulièrement déconcertant. Tout d’abord, nous découvrons le visage de Luke Rinehart à travers son livre, The Diceman, où il explique qu’il a recours aux jets de dés pour poser des choix dans sa vie. Cela l’entraîne parfois à poser des choix radicaux. L’auteur de ce récit part ensuite à la rencontre de l’auteur du livre, George Cockcroft de son vrai nom, dont la personnalité est à la foi proche et lointaine de son œuvre semant un certain trouble dans l’esprit d’Emmanuel Carrère et du lecteur. Nous passons ensuite à un une belle épopée : un groupe de collégiens de la banlieue parisienne qui part avec leurs enseignants pour une grande ballade en vélo à travers la Normandie. Cela donne l’occasion de réfléchir sur la rencontre de citadins avec la campagne, mais aussi aux questions qui se posent sur l’éducation dans les milieux populaires.
    Les quatre articles suivants dressent les portraits d’hommes qui ont accompagné les transformations et les crises de notre monde. Il s’agit, tout d’abord, de Zbigniew Bujak, un des artisans de la révolution polonaise dans les années 80, qui veut aider les Ukrainiens dans leur quête de liberté. Nous avons ensuite dix plans illustrés, tirés d’un documentaire, présentant un couple de Chinois qui retournent dans leurs pays après l’espoir déçu d’une installation en France. Puis une enquête nous emporte en Palestine où nous découvrons Khaled Jarrar, ancien garde du corps de Yasser Arafat, devenu artiste pour défendre la liberté de son pays. Enfin, un entretien avec Malek Chebel, universitaire et traducteur du Coran, nous fait découvrir un autre visage de l’Islam.
    Le récit graphique donne l’occasion de découvrir un visage surprenant de la France avec les combats de coqs organisés dans l’île de la Réunion. La douceur des couleurs choisies aident le lecteur à pénétrer sans peine dans ce récit surprenant. L’inattendu se retrouve également dans le récit conclusif qui traite des unions entre Serbes et Albanais, deux peuples ennemis qui se rencontrent par l’entremise de Gezim, conseillère matrimoniale.
    Avec ce numéro, la revue XXI garde ses atouts : de belles illustrations et une mise en avant des hommes et femmes qui peuplent notre planète. Dans leur variété de ton, les auteurs nous font pénétrer dans l’histoire de ces personnes. Une nouvelle fois, c’est une réussite.

Mots-clefs : ,

Les commentaires sont fermés.