Quelques artistes ont ce privilège rare d’avoir transformé le domaine musical dans lequel ils ont exercé. Astor Piazzolla fais partie de ceux-ci. Il a marqué de façon profonde le Tango en lui donnant une nouvelle dimension. Il a notamment permis à cette musique de garder son authenticité et sa spécificité en se nourrissant de Musique classique et de Jazz. Cette place particulière dans le Tango a partagé les amateurs de cette musique entres les détracteurs qui lui reprochent d’avoir trahi ce genre musical et ses défenseurs qui reconnaissent sont apport. Plusieurs années après sa mort, ses thèmes sont interprétés par des jazzmans et des ensembles classiques, orchestres et chambristes.
Certains de ces thèmes sont connus du grand public, en particulier Libertango.
Je souhaite vous présenter aujourd’hui un disque, The Lausanne Concert, enregistré le 4 novembre 1989 ; soit trois ans seulement avant sa mort. La communion des musiciens est manifeste au long des dix morceaux qui se succèdent. Le public observe un silence attentif qui cesse à la fin de chaque morceau pour laisser place à une véritable ovation. Ce disque nous donne l’occasion d’entendre quelques thèmes très connus de ce grand musicien tel Adiós Nonino ; mais également d’autres plus méconnus, car enregistrés peu de temps avant. On peut citer parmi ceux-ci Mumuki ou Tanguedia III que l’on trouve sur le disque studio Tango : Zero Hour sorti en 1986.
On trouve également sur cet album ainsi que sur celui que je présente ici le thème Contrabajisimo sur lequel je souhaite m’arrêter. Ce morceau est à lui seul une petite symphonie où succèdent aux moments calmes et quasi extatiques d’autres, impétueux. Les mots peinent à décrire une musique. Je vais cependant en quelques phrases vous présenter cette pièce. C’est la Contrebasse qui débute seule. Après deux minutes, les autres instruments surgissent presque frénétiquement laissant monter une tension qui laisse assez rapidement place à l’exposition du thème par Astor Piazzola au bandonéon. Celui-ci constitue la clef de voûte de ce morceau. Une très grande grâce émane de chaque note de ce thème. Cette impression se trouve renforcée par le contraste avec le passage quasi tumultueux qui l’a précédé ainsi que le rythme calme, mais déterminé des instruments qui entourent Astor Piazzola. Il faut écouter les notes qui s’égrènent alors et donnent à l’auditeur un sentiment d’éternité. L’alto vient poursuivre dans le même ton. Cela ne dure pas. On revient à un passage rapide où le rythme est donné par le bandonéon. Cette accélération est brève et l’alto revient pour continuer ses variations sur le thème, un bref moment interrompu. Il faut souligner le délicat soulignement apporté par la guitare et le piano dans ces moments paisibles. La contrebasse vient mêler ses notes à celle de l’alto puis prend la première place. Le rythme rapide de la deuxième minute du morceau est repris pour conclure ce morceau que je vous invite vivement à écouter.
Bien entendu, je vous encourage à prendre le temps de découvrir l’ensemble de ce disque où le Tango est roi. Un Tango qui a les mêmes richesse et profondeur que la Musique classique et les mêmes envolées solistes que dans le Jazz.
Mots-clefs : Astor Piazzolla, Contrabajisimo, Tango, The Lausanne Concert