Un simple murmure d’un cœur peu à peu enfle et la voix d’une soprano se fait entendre qui accompagne le chœur pour conclure le premier groupe de quatre vers :
« Tu ressusciteras, oui, tu ressusciteras,
Ma poussière, après un court repos !
La vie immortelle
Te sera donnée par Celui qui t’a appelée !»
Puis, après un bref temps où l’orchestre joue seul, le chœur reprend un peu plus fort pour chanter quatre autres également accompagné par la soprano :
« Tu es semée pour fleurir de nouveau !
Le Seigneur de la moisson va
Ramasser des gerbes
De nous, qui sommes morts ! »
Puis la musique poursuit sa route entre moments où l’orchestre joue seul et le jeu des voix entre le choeur, la soprano et l’alto. La progression est irresistible jusqu’au moment final où orchestre et voix sont poussés à leur paroxysme :
« Aufersteh’n, ja aufersteh’n wirst du,
mein Herz, in einem Nu!
Was du geschlagen,
Zu Gott wird es dich tragen! »
(Tu ressusciteras, oui, tu ressusciteras,
Mon cœur, en un instant !
Ce que tu as vaincu
Te portera vers Dieu !)
Car c’est en allemand qu’est chanté le final de cet merveilleuse œuvre qu’est la deuxième symphonie de Gustav Malher, composée entre 1888 et 1894. Une parole, prononcée durant ce cinquième et dernier mouvement, résume parfaitement cette musique : « Bereite dich zu leben! » (Prépare-toi à vivre !). À vrai dire, je ne vous ai présenté, brièvement, que la fin de ce mouvement qui débute par une longue partie interprétée uniquement par l’orchestre et qui dure au total entre trentre-quatre et trente-huit minutes selon les interprètes.
Au risque d’être mal vu par de grands admirateurs de Mahler et plus largement des amoureux de la musique classique, je conseillereai à ceux qui sont les moins familiers de ce type de musique et qui ne connaissent pas Mahler de commencert par écouter seulement ce dernier mouvement. Cela demande une certain concentration, mais la récompense dépassera largement l’investissement.
Ensuite, il sera possible, avec le plus grand profit, d’écouter en intégralité cette magnifique œuvre que l’on ne se lasse pas d’écouter.
Aujourd’hui, je vous propose deux interprétations de la symphonie n°2 dite « Résurrection ». La première date de 1963. Nous entendons Elisabeth Schwarzkopf, soprano et Hilde Rössl-Majdan, alto, accompagnées par le Philharmonia Orchestra et le Philharmonia Chorus dirigés par Otto Klemperer. Ce dernier est un disciple direct de Gustav Mahler. Sa version est très enlevée et pleine de vie. La seconde interprétation est de 1987. Barbara Hendricks, soprano et Christa Ludwig, alto sont accompagnées par les chœurs de Westminster et l’Orchestre Philarmonique de New-York sous la baguette de Leonard Bernstein. Ce chef, grand malherien, nous fait entendre une version plus lente et retenue qui peut sembler plus contemplative.
Il existe beaucoup d’autres interprétations, mais j’ai fait le choix de ces deux versions qui se complètent fort bien. Je vous propose, à l’écoute, le dernier mouvement extrait de l’interprétation de Klemperer :
Mots-clefs : Barbara Hendricks, chœurs de Westminster, Christa Ludwig, Elisabeth Schwarzkopf, Gustav Mahler, Hilde Rössl-Majdan, l’Orchestre Philarmonique de New-York, Leonard Bernstein, Otto Klemperer, Philharmonia Chorus, Philharmonia Orchestra, Symphonie n°2 « Résurrection »