Le Bloc Note

Comment réussir ses photos ?

27Jan

Reconnaissons que le titre de ce billet peut passer pour simpliste ou encore provocateur. Il a peut-être l’avantage d’être accrocheur et de promettre aux lecteurs des recettes quasi magiques garantissant un résultat idéal à tous les coups.

Cependant, si nous réfléchissons à tête reposée, nous devons reconnaître qu’il est impossible de donner une liste d’éléments concourants à une photo réussie.

Reformulons la question posée par le titre. Il s’agit avant tout de définir ce qui permet à un cliché de ne pas passer inaperçu et de sortir ainsi de l’ordinaire. Une photo réussie ne laisse pas indifférente. Elle attire le regard ; elle n’est pas neutre, mais vivante. En effet, l’élément central et peut-être unique qui permet de séparer le bon grain de l’ivraie, c’est la notion de mouvement. Une photo statique est une photo morte, sans intérêt. Au contraire, une photo de laquelle ressort un mouvement gardera un intérêt.

Cette importance du mouvement vient tout d’abord de notre façon de regarder. Quand nous sommes face à une image, nous y pénétrons puis notre regard balaie l’image. Nous devons être capables d’aller et venir dans cette photo en posant nos yeux sur différents éléments qui sont autant de points d’appui. Si ceux-ci sont absents, notre regard erre sans but et ressort de l’image aussi vite qu’il y est entré. Pour que ces éléments jouent pleinement ce rôle de guide, il est nécessaire qu’ils soient disposés de manière organisée. Le choix du cadrage opéré par le photographe permettra cette organisation. Ainsi, il guide le spectateur à travers l’image pour le conduire à tel ou tel point qui constitue l’élément central de sa photo.

Ce mouvement, si important dans chaque cliché, se trouve au cœur de toute production artistique et plus largement de toute vie. Ainsi parlons-nous d’une musique vivante ou d’une personne pleine de vie. Une langue qui ne sert plus aux échanges entre les personnes, qui ne nous mets plus en mouvement vers les autres est qualifiée de morte.

 

Revenons à la photographie. Cette notion de mouvement étant acquise, il n’en demeure pas moins difficile d’appliquer directement ce principe au moment d’appuyer sur le déclencheur. Il reste difficile de dire simplement ce qui constitue une bonne photo, mais nous pouvons mettre en évidence de réels défauts qui « cassent » ce mouvement nécessaire.

Il y a tout d’abord les éléments inutiles qui ne guident pas le regard du spectateur, mais au contraire brise son évolution. Les vides présents dans une photo conduisent au même effet négatif. Un cliché sans but ou intention ne permet pas ce mouvement. Cela s’apparente à un cuisinier qui a de bons ingrédients, mais ne sait pas comment les accommoder pour réaliser son plat. Une photographie sans construction ou agencement des éléments présents dans le cadre est une photo ratée. Elle est sans vie.

Certains lecteurs rétorqueront que les règles sont faites pour être transgressées. Prenons le cas extrême d’une photo qui semble statique, sans vie. Si le photographe a voulu traduire l’immobilisme ou la mort, il a atteint son but et cette photo est réussie. La transgression est assumée. Elle n’est pas le fruit du hasard.

 

Chalet en montagne l'hiver au coucher du soleil

Au terme de ces quelques lignes, le discours n’est pas clos. Au contraire, la liste ci-dessus peut-être complétée en gardant toujours à l’esprit cette notion de mouvement essentielle à la réussite d’un cliché.

Chacun pourra remarquer qu’il n’y a ici aucune considération technique ou matérielle. Celles-ci demeurent utiles, mais elles sont au service de ce mouvement à traduire dans sa photographie.

Terminons ce propos par la photographie illustrant ce billet. Tel ou tel pourra faire des reproches à ce paysage : il n’est pas parfait. Cependant, l’œil navigue naturellement dans cette photo. Il est guidé : il part du chalet et naturellement s’élève en se dirigeant vers la droite (notre fameux sens naturel de lecture). La montage à droite bloque ce mouvement et le regard se reporte au sommet au centre vers la zone la plus lumineuse. Ce couché de soleil hivernal possède un sens de lecture : une vie anime cette photo.

Je souhaite à chacun de mettre de la vie dans ses photos, une clef certaine de la réussite quelque soit le sujet abordé.

4 réponses à “Comment réussir ses photos ?”

  1. toto dit :

    Je cite : « Cependant, l’œil navigue naturellement dans cette photo. Il est guidé : il part du chalet et naturellement s’élève en se dirigeant vers la droite (notre fameux sens naturel de lecture). »

    Pas pour moi. Il part du ciel et reste dans le ciel. Il apporte toute sa lumière à la scène, et interpelle quelque chose en moi. Vous auriez du écrire « mon oeuil navigue ». Le mien n’a trouvé qu’un élément porteur de sens dans cette image.

  2. Marc dit :

    Votre remarque sur la « navigation » rejoint la mienne.
    Concernant votre remarque de façon plus globale, si nous partons du ciel, le regard se trouve arrêté par le sommet en pointe de la montagne et en descendant il va terminer sa course sur le chalet sur lequel se trouve un point lumineux. Je vous accorde que ce chalet est en concurrence avec d’autres éléments présents sur la neige, mais il est plus lisible que les arbres qui sont pour la plupart à l’ombre.
    Enfin, ma photo est une illustration de mes propos qui, il me semble, se vérifient dans la plupart des cas. Cela manifeste peut-être la quête de la photo parfaite qui ne cesse jamais.

    • toto dit :

      Ma remarque ne rejoint pas la votre.
      Mon regard reste dans le ciel.
      Je n’ai parlé que du ciel.
      Le chalet n’est pour moi en concurrence avec rien puisque mon regard n’y étais pas descendu à la première observation. En m’ »accordant qu’il est en concurrence » vous me prêtez un raisonnement que je n’ai pas eu, répondez à des propos que je n’ai pas eu.

      Bref je vous ai écrit pour souligner un détail dans votre façon de projeter à autrui votre façon de voir le monde, mais vu que c’est bien plus qu’un détail, je ne peux que vous inviter à y réfléchir.

  3. Marc dit :

    Je suis désolé si vous pensez que je vous ai prêté une telle idée.
    Concernant la concurrence, je ne vous prêtais rien. Je partais du principe que notre regard va forcément descendre en lisant l’image et qu’il est possible d’arguer ; pas vous-même, mais de façon générale ; qu’il y a une concurrence entre différents éléments.
    Je pense qu’il n’est pas nécessaire de se bloquer sur mon cliché qui n’est présent ici qu’à titre d’exemple. Prenez les photographies des plus grand : Édouard Boubat, Willy Ronis, Hans Silvester et tant d’autres. Vous verrez ce principe du mouvement de notre œil dans l’image fonctionne.
    Mon propos voulait seulement éveiller une réflexion et permettre à tout un chacun, quelque soit sont sujet de prédilection, d’avoir une meilleure maitrise de son image au moment de déclencher.